Corémunération

From Communauté de la Fabrique des Mobilités

(source Movilab : https://movilab.org/wiki/Coremuneration)

Sommaire[edit | edit source]

  • 1 Un budget contributif, c’est quoi ? 
  • 2 Pourquoi c’est utile  ? 
  • 3 De où ça vient ?
  • 4 Comment créé-t-on un budget contributif ? 
    • 4.1 Etape 0 :  Partager un Document
    • 4.2 Etape 1 : Disposer d’un budget
    • 4.3 Etape 2 : se mettre d’accord sur un tarif horaire de base ou à ne pas dépasser.
    • 4.4 Etape 3 : Lister les noms des contributeurs
    • 4.5 Etape 4 : Contribuer “à la carte”
    • 4.6 Etape 5 : Facturer ses contributions
    • 4.7 Etape 6 : Veiller au suivi des dépenses 
  • 5 Autres ressources

Un budget contributif, c’est quoi ? [edit | edit source]

  • Définition : Un budget contributif est un outil de rétribution qui permet à un collectif de s’autogérer financièrement de façon transparente et démocratique. 

Concrètement, le collectif dispose d’une enveloppe, d’un budget, et va permettre à ses membres de se rétribuer selon leur implication dans le projet. Chaque membre pourra ainsi prélever sa rémunération selon ce qu’il estime juste, et ce en l’affichant en toute transparence au reste du collectif, qui pourra en cas d’abus remettre en question son estimation. 

La rémunération se fait à posteriori où nous "donnons" d'abord le meilleur de nous même, puis 'nous nous donnons" une rétribution que seul nous même pouvons vraiment évaluer. C'est une sorte d'inversion du prix libre que l'on pourrait appeler "rétribution libre" ou "rémunération libre" 

Pourquoi c’est utile  ? [edit | edit source]

  • Ce budget contributif permet aux personnes de se partager une même enveloppe. Là où l'on hésite souvent entre rémunérér une personne extérieure au projet ou rester tous bénévoles, cette approche vient proposer une troisième voie indispensable pour maintenir un investissement et de la contribution sur le long terme pour certaines personnes, voir pour développer un nouveau modèle, le "contributeur salarié" (le salariat passe dès lors par une structure de type CAE, Coopérative d'Activite et d'Emploi qui permet d'agréger les différents revenus contributifs sous un CDI)
  • Ce budget contributif permet également de répondre à nos valeurs d’horizontalité. Tous les membres contribuent et se rémunèrent selon leur travail, sans hiérarchisation des tâches ni enfermement de la gestion du projet dans une seule personne (il n’y a pas de contribution de “chef” ni d’ “employé”.) Le fait que chaque membre peut à tout moment non seulement voir ce que les autres membres prélèvent, mais également s’y opposer, en fait un outil démocratique intéressant. 

De où ça vient ?[edit | edit source]

C'est une longue histoire, mais un certain Benjmain Mako Hill disait "Il est plus facile pour un projet de logiciel libre à succès de recevoir de l'argent que de décider de comment le redistribuer".

Cette remarque s'appliquait tellement bien dans les "communs", ou dans les projets autogérés. Des endroits où souvent la contribution est dite assez libre, où elle se veut ouverte à tous, sur ce que chacun souhaite et au moment voulu. Bref, des espaces où rémunérer les personnes s'avère compliqué ! Cherchez d'ailleurs à rémunérer les contributeurs à Wikipedia ? C'est très particulier comme mode de travail, il faut donc un mode de rémunération lui aussi différent.

Un autre, pour justifier un refus de donner une subvention, nous disait aussi "Si je vous donne de l'argent dans votre projet cogéré, votre collectif va rentrer en conflit et disparaître". Celui préférait dès lors financer une seule personne dans un projet non collectif et non ouvert.

D'autres, au moment où de l'argent arrive enfin dans un projet qui a du succès, préféraient payer des prestataires extérieurs novices sur le projet à 1000€ la journée plutôt que de rémunérer les centaines de contributeurs actifs depuis 10 ans, motivés pourtant pour continuer à alimenter le projet. Ils disaient : "si vous vous payez, il y a conflit d'intérêt, car vous participez à la gouvernance du projet à but non lucratif. Il faut payer des gens qui ne participent pas au projet et sa gouvernance"....

Il a donc fallu trouver des solutions pour résoudre ces principes de plus en plus inacceptables à l'ère des communs comme Wikipédia ou le logiciel libre, véritables entreprises créatrices de valeur pour tous ;-)

Comment créé-t-on un budget contributif ? [edit | edit source]

Pour un guide plus détaillé dans le cadre d'une structure avec un projet associatif voir Corémunération au sein d'un projet association.

Etape 0 :  Partager un Document[edit | edit source]

Un logiciel, Loot, est en cours de développement : https://loot-project.gitlab.io/userguide/

En attendant, nous utilisons encore des tableaux Excel : Voici un modèle à adapter

Etape 1 : Disposer d’un budget[edit | edit source]

Pour bien commencer, mieux vaut disposer d’un budget, qui sera l’enveloppe dans laquelle les contributeurs vont prélever selon leurs interventions. 

Par souci de transparence, il faut donner la provenance de ce budget (=somme des subventions obtenues). 

Il faut préparer une case “Budget restant” pour évaluer en temps réel l’évolution du budget. 

Etape 2 : se mettre d’accord sur un tarif horaire de base ou à ne pas dépasser.[edit | edit source]

Pour éviter que certains se sous-payent et d’autres se sur-payent, il est bon d’avoir un référentiel plébiscité par le collectif. 

Nous définissons néanmoins notre rémunération avec un certain "flou" par rapport au nombre d'heures passées, nos besoins financiers, nos compétences, la difficulté ou l'exigence de la réalisation et l’intérêt individuel de la réalisation. Il faut prendre en compte l'ensemble du temps passé ( ce que l'on ne fait pas toujours en prestation). Et bien sûr libre à chacun de suivre le taux horaire indiqué ou de se rétribuer plus, moins ou même pas du tout. Par exemple, si notre contribution au collectif apporte un intérêt individuel fort, il peut être justifié de se rémunérer moins que si ce n’était pas le cas. Par exemple, si j'améliore mon tiers lieu que j'utilise tous les jours, je bénéficie donc directement de l'amélioration. C’est ce qui explique d’ailleurs d’un projet comme Wikipedia n’a pas besoin de rémunérer ses contributeurs pour fonctionner. 

Ce tarif horaire maximum ou de référence est complexe à déterminer mais peut-être creusé par rapport aux coûts d'un salarié au régime général.

C'est au fil du temps que les choses vont s'ajuster et les personnes trouver leur équilibre. Au départ, certains osent pas, d'autres osent trop. En discutant ensemble et en faisant des points en temps, le collectif va apprendre à se positionner et chacun trouvera son équilibre. Étonnamment, une fois bien mis en place, la gestion du budget devient très peu energivore en temps pour le collectif et semble abaisser les tensions (par exemple, chez les bénévoles, cela permet d'arrêter de reprocher aux autres de ne pas faire les choses, si l'on est frustré, on peut au moins compenser avec plus de rétribution financière)

Etape 3 : Lister les noms des contributeurs[edit | edit source]

Ils sont le coeur du budget contributif, ils doivent tous avoir un accès modifiable au document.  

Etape 4 : Contribuer “à la carte”[edit | edit source]

Dans la “partie contribution”, on dispose d’un tableau hebdomadaire (on le rythme une colonne par dimanche, pour permettre aux contributeurs de travailler le week-end) et annuel. 

Le contributeur va alors pouvoir indiquer les montants qu’il prélève, et les justifier en insérant une “remarque” sur la cellule correspondante. 

Pour ce faire, pas besoin d’écrire un roman, mais mieux vaut être précis. 

Astuce : pour chaque contribution, vous pouvez indiquer la somme prélevée correspondante et au choix, indiquer :

  • le jour 
  • le temps passé approximatif (possible de le laisser facultatif)
  • l’activité horaire et/ou la menée à bien

N’oubliez pas que tous les autres membres voient et peuvent s’opposer à l’évaluation que vous faites de votre contribution !

Avec cette partie contribution, on peut ainsi suivre les dépenses hebdomadaires, voire limiter son budget hebdomadaire en divisant son enveloppe par 52 semaines. 

Etape 5 : Facturer ses contributions[edit | edit source]

A force de contribuer, un certain montant s’accumule dans la “partie facturation”. Ce montant reste virtuel, il faut le récupérer en émettant une facture à la structure porteuse du dispositif. 

On indique alors dans la cellule “1ere facture” le montant qu’on a facturé, et on ajoute en “remarque” la date d’envoi de cette facture à la structure porteuse. 

Astuce : insérer dans le document un lien ou un e-mail pour faciliter l’envoi de cette facture par le contributeur. 

Rien ne nous oblige à facturer le montant total de la contribution accumulée, mais il est préférable de facturer rond, c’est-à-dire en ne coupant pas les mois. 

Par ex : je facture du 1er juin au 30 septembre, et je l’indique sur ma facture à la structure porteuse. 

En général, on émet une facture à partir du moment où on a accumulé une somme assez conséquente (mais à moins de 5000€, car les virements des comptes courants ne dépassent pas 5000€ par jour, ça va embêter le comptable de votre structure porteuse si c’est une association).

Pensez à facturer avant la fin de l’année comptable !!!

Etape 6 : Veiller au suivi des dépenses [edit | edit source]

Avec ce budget contributif, le coordinateur ou le comptable de votre dispositif pourra suivre les dépenses en temps réel pour ajuster au mieux les activités à l’enveloppe restante (“dois-je aller chercher davantage de subventions ?”)

En y insérant un tableau de suivi des notes de frais, ainsi qu’un tableau des dépenses directes par carte bleue depuis le compte-courant du dispositif, le budget contributif peut devenir un outil incontournable pour gérer efficacement son dispositif … à condition d’avoir bien veillé à ce que tous les contributeurs remplissent régulièrement le tableau !

Attention, dans les règles, vous pouvez par exemple établir le fait que tout le monde puisse émettre un droit de blocage sur une rémunération, pour limiter une dérive par exemple.

Autres ressources[edit | edit source]

  1. Ainsi, nous pouvons réfléchir à ce que nous coûterait un salarié avec l'ensemble des cotisations et imaginer comment pourrait être partagé ce revenu entre plusieurs personnes. Pour donner à titre indicatif un taux horaire pas très éloigné de celui d'un salarié. Par exemple, une moyenne de 22,5 € par heure correspond à une rémunération net de 1760€ ( si 35h par semaine et avec prise en compte de la mutuelle/prévoyance et congés payés et jours fériés, soit 134h/mois). 13€ correspond à un SMIC, du fait des aides Fillon, CICE et autre, les réductions de cotisations étant très fortes. Il faut que la rétribution intègre le coût de gestion administratif et comptable, les frais, la possible TVA payée par le contributeur selon son statut, la précarité du modèle si toutefois les espaces de contributions ne sont pas abondants dans l'environnement proche....