Peu de communs peuvent fonctionner de manière isolée. Ils sont presque tous des hybrides dépendant dans une certaine mesure à la fois de l’État et/ou du marché.
Les communs doivent être pensés pour que leur usage ou consommation par une personne ne dégrade pas celui d’un autre utilisateur. Si l’enjeu est l’appropriation du commun par le plus grand nombre, pour par exemple en faire un standard ou favoriser sa diffusion, il est difficile d’envisager une exclusion d’usage pour un commun.
Quels enjeux[modifier | modifier le wikicode]
Avec le potentiel collaboratif du numérique, les entreprises innovantes de la mobilité voient dans les communs une solution pour se concentrer sur le développement de leurs services à valeur ajoutée sans avoir à reconstruire seules un nouvel écosystème.
C’est un modèle qui a largement fait ses preuves dans un nombre important de projets open-source, en particulier dans le monde du logiciel où les projets ont prospéré grâce à l’abandon de l’exclusivité des droits d’exploitation. Les bénéfices de ce travail en commun sont multiples :
- une réduction des coûts de développement par la mutualisation avec d’autres,
- une réduction du temps de développement et donc un accès plus rapide au marché,
- une accélération de l’innovation par la possibilité de se nourrir des solutions des uns et des autres,
- une base à partir de laquelle cultiver une culture de la collaboration,
- des solutions sur lesquelles construire son économie qui soient maintenables et gouvernables, permettant d’éviter de se retrouver par exemple bloqué par une technologie fermée d’un fournisseur.
Des exemples récents montrent que cette culture, jusqu’alors réservée au monde du logiciel, s’immisce auprès des acteurs du monde de la mobilité :
- Tesla cherche à convaincre des concurrents d’adopter les mêmes technologies pour partager les frais de création et d’entretien des stations de charge. Il a ainsi fait le choix de libérer les plans de ses moteurs électriques et ses batteries. Le fait de permettre aux concurrents de s’appuyer sur les technologies de Tesla et de les améliorer à leur tour, avec des améliorations dont Tesla profitera lui-même gracieusement, est le meilleur moyen de générer ce cercle vertueux dont il a besoin,
- Ford vient d’annoncer également dans le domaine des voitures électriques ouvrir ses brevets, dans la même idée pour une autre filière en émergence, Toyota prépare l’avènement de la voiture à hydrogène en mettant gracieusement à disposition des milliers de brevets liés aux piles à combustible,
- Open source vehicle (OSV) plateforme ouverte d’un quadricycle modulaire est répliqué en France par le cluster Aquinetic, partenaire de la Fabrique. Grâce à la disponibilité des plans sous licence ouverte, le projet envisage de pouvoir industrialiser le véhicule à l’échelle régionale en un temps et un budgetrecord. Le véhicule serait officiellement lancé lors de l’ITS World Congress,
- Navitia, un calculateur d’itinéraire open source développé par Canal TP, appartenant à Keolis et utilisé dans plus de 50% des systèmes d’informations multimodaux en France,
- Etalab a joué un rôle de tiers de confiance pour permettre la création d’une base d’adresse nationale ouverte, enrichie à la fois par des acteurs historiques (La Poste, de l’Institut géographique national (IGN) et de la Direction générale des finances publiques (DGFIP)) et par des données produites par les contributions citoyennes sur OpenStreetMap, illustrant ainsi un nouveau modèle de collaboration entre pouvoirs publics, acteurs publics et société civile l’alliance Genivi, qui rassemble des acteurs du monde de la mobilité (Renault, Nissan, Honda, etc.), s’active à construire en commun un système d’infotainement ouvert automobile. L’enjeu est de partager les coûts de développement en collaborant sur le développement d’une plateforme logicielle commune, réutilisable.
Pour les acteurs moins habitués à la culture du commun, le challenge n’est pas seulement technique mais aussi culturel. Le défi posé est alors : comment transformer les pratiques commerciales et de développements traditionnels pour savoir aussi fonctionner sur des modèles ouverts, basés sur des ressources communes développées en collaboration ?
“Dans l’ère qui arrive, le partenariat que l’on a connu de longue date entre gouvernement et secteur privé pour organiser la vie économique de la société cèdera la place à un partenariat tripartite dans lequel la gestion des Commons jouera un rôle encore plus grand, que viendront compléter les forces des gouvernements et des marchés.”
Jérémy Rifkin - Marginal Cost Society
Pour répondre au challenge, la Fabrique des Mobilités aura pour rôle d’acculturer les membres à cette approche tripartite et d’assurer des relations fructueuses et complémentaires entre communs, activités marchandes et acteur public. Elle s’inspirera pour cela de nombreux exemples ayant fait leurs preuves dans le monde du logiciel ainsi que de nouvelles solutions qui émergent, à la fois juridique